Axa lance un fonds doté de 60 millions d’euros : « le mécénat est une anticipation logique de notre métier d’assureur »
L'assureur a annoncé le 30 juin la création de ce fonds de dotation, qui rassemble les initiatives de philanthropie préexistantes, avec un doublement des moyens accordés à la philanthropie. Clément Rouxel, délégué général du fonds, évoque auprès de Carenews les motivations d’Axa et les modalités d’action de cette nouvelle entité.

Axa a lancé le 30 juin dernier son « Fonds pour le progrès humain », doté de 60 millions d’euros. Il rassemble les initiatives de philanthropie qui préexistaient parmi les mutuelles et le groupe. Le délégué général du fonds, Clément Rouxel, répond aux questions de Carenews.
- Carenews : Avec la création de votre nouveau fonds, vous annoncez un doublement des montants que vous attribuez au mécénat. Il est doté de 60 millions d’euros par an. Pourquoi avoir décidé d’une telle croissance ?
Clément Rouxel : Les 60 millions du Fonds Axa pour le progrès humain couvriront l’ensemble de nos actions de mécénat et de philanthropie, au niveau national et international. Nous avons décidé de ce doublement pour marquer notre engagement sociétal l’occasion de nos 40 ans. Il nous paraissait urgent de voir comment le renforcer, à un moment où le monde est de plus en plus fracturé.
Cela nous permet aussi de nous assurer d’une présence sur le long terme en nous donnant les moyens d’agir et une capacité d’innovation.
Le doublement de notre budget de mécénat manifeste un engagement fort, mais il faut rester particulièrement humble face aux besoins. Nous souhaitons travailler en coalition avec d’autres acteurs ; il faut s’unir pour agir sur des projets communs.
- Quelle est la répartition des fonds entre la France et l’international ?
C’est en cours de définition, mais la France restera majoritaire, notamment à travers le rassemblement des actions de mécénat des mutuelles d’assurance Axa sous l’ombrelle de ce fonds. Il y aura néanmoins une forte augmentation de notre soutien à l’international. Des initiatives locales existaient et continueront à exister en parallèle de ce que fera le fonds de dotation, mais celui-ci renforcera ou initiera la capacité d’Axa à agir dans les pays dans lesquels nous sommes implantés.
- Des initiatives de dividende sociétal ou de dividende écologique ont émergé. Avez-vous vous-même envisagé d’attribuer une part de vos bénéfices au mécénat ?
Le dividende sociétal est une initiative que nous connaissons. Nous partons d’une idée différente, celle de nous engager massivement avec ce fonds de dotation, qui permet de faire du mécénat direct, avec une multiplication des appels à projet. En parallèle, le groupe et ses entités peuvent mener des projets d’investissement à impact.
- Quelles sont les missions du fonds ?
Nous nous sommes donnés quatre domaines d’actions. La science d’abord, pour faire progresser la recherche, mieux appréhender les risques émergents sur la base de faits et améliorer constamment la qualité de vie. Nous avons lancé il y a 17 ans le Fonds Axa pour la recherche désormais englobé dans le Fonds Axa pour le progrès humain. Grâce à cet instrument, nous avions déjà un mécénat scientifique particulièrement actif en France et à l’international.
Ce premier pilier doit servir les trois autres : la protection de la planète, répondre à l’urgence et anticiper les conditions de vie d’un avenir viable ; la solidarité, l’inclusion et l’éducation ; ainsi que l’art, la culture et le patrimoine.
Ces grands domaines communiquent entre eux. Notre ambition est d’agir à travers une action philanthropique interdisciplinaire, qui croise les expertises scientifiques et associatives pour identifier de nouveaux besoins et vulnérabilités.
- Vous dites que votre action philanthropique constitue le « prolongement naturel » de votre mission d’assureur. Pourquoi ?
Le mécénat est une anticipation logique de notre métier d’assureur. Il permet de travailler à une meilleure connaissance des risques sociaux, environnementaux, ou encore des situations qui nécessitent une mobilisation.
Nous lançons ce fonds dans une période de fragmentation sociale et de polarisation des opinions, forte et croissante. Nous estimons que le progrès social est entravé par ce risque, qui nous apparaît être le plus important aujourd’hui. Or, la cohésion sociale et la solidarité sont le terreau qui nous paraissent indispensables au fonctionnement de l’assurance.
Le fonds incarne une vision élargie de la protection, qui ne se limite pas au risque assurantiel mais s’étend à la résilience de la société, la réduction des inégalités et à l’accès à la culture et à la connaissance.
- Pourquoi avoir choisi de rapprocher l’ensemble des initiatives de mécénat et de philanthropie menée par le groupe ?
L’intérêt est d'être plus lisible, plus identifiable pour les porteurs de projet.
Le fonds nous permet aussi d’avoir un accès simplifié à l’ensemble des partenaires avec lesquels nous interagissons, en rassemblant l’intégralité de nos capacités de financement.
Avoir au sein d’une même équipe, d’un même fonds de dotation, l’ensemble des activités de mécénat réunies nous permet d’agir de façon plus efficace.
- Vous souhaitez « innover dans votre manière de faire de la philanthropie », notamment à travers la mesure d’impact. Pour quelles raisons ?
Nous souhaitons travailler sans relâche sur la mesure d’impact. Elle est complexe, mais elle garantit la pertinence et l’efficacité de l’action. C’est un sujet qui préoccupe tous les acteurs sur la philanthropie. Il est en construction, en germe, il faut y aller avec beaucoup d’humilité. Il ne faut pas multiplier les indicateurs, mais trouver ceux qui montrent que le projet a un impact, en termes de personnes mobilisées et d’action effectuées. Nous espérons pouvoir développer d’autres types de métriques qui restent à inventer. C’est aussi valorisant pour les partenaires que l’on soutient.
- Quelle va être l’implication des salariés du groupe dans le mécénat ?
Elle va être très forte. L’implication des collaborateurs est une condition clé du soutien financier que nous apporterons, elle donne aussi du sens à leur métier et leur action au quotidien. Grâce à Axa atout cœur, l’association d’engagement des collaborateurs, nous allons pouvoir organiser des événements avec nos partenaires.
- Cela prendra-t-il la forme de mécénat de compétences ?
Le mécénat de compétences existe déjà. Il est souvent sollicité à la demande des partenaires associatifs. On le propose à nos collaborateurs qui peuvent être intéressés localement quand nos partenaires ont des besoins qui correspondent aux compétences que nous pouvons apporter.
Propos recueillis par Célia Szymczak