« Polluants éternels » : trois ONG portent plainte contre Seb
France nature environnement, Générations futures et l’Association citoyenne et laïque des consommateurs ont annoncé le 10 juillet avoir déposé plainte contre le groupe Seb, propriétaire de la marque Tefal. Elles l’accusent de « pratiques commerciales trompeuses » et le mettent en cause pour l’utilisation d’un PFAS, souvent appelé « polluant éternel ».

Trois ONG s’en prennent à Tefal, la marque du groupe Seb qui commercialise des ustensiles de cuisine. France nature environnement (FNE), Générations futures et l’Association citoyenne et laïque des consommateurs (ACL) ont annoncé avoir déposé plainte pour pratiques commerciales trompeuses devant le parquet de Paris, le 10 juillet.
En cause, l’utilisation d’une substance per- et polyfluoroalkylée, dite PFAS, dans la fabrication de poêles antiadhésives. Ces produits chimiques, souvent appelés « polluants éternels » en raison de leur forte persistance dans l’environnement, sont utilisés pour leurs propriétés antiadhésives, imperméabilisantes ou résistantes à la chaleur. Ils sont présents dans des produits utilisés dans la vie quotidienne, comme des textiles et des cosmétiques, mais sont décriés pour leur impact néfaste sur l’environnement et sur la santé.
Une campagne publicitaire considérée trompeuse
Tefal « assure que les revêtements antiadhésifs de ses poêles sont reconnus comme sûrs car contenant du PTFE (polytétrafluoroéthylène) et non des PFOA, d’autres PFAS interdits », expliquent les ONG dans un communiqué commun. Or, « à différentes étapes de son cycle de vie (...), le PTFE peut générer des PFAS problématiques », avancent-elles, en s’appuyant sur les conclusions d’une étude scientifique, de l’Autorité européenne de sécurité des aliments et du Centre international de recherche contre le cancer. Ce dernier ne qualifie pas le PTFE de « sûr », font-elles valoir, en raison de l’insuffisance de données. « L’innocuité des produits n’est pas démontrée », avancent les associations.
Elles dénoncent donc la campagne publicitaire réalisée par Tefal en 2024, indiquant que ses « revêtements antiadhésifs sont reconnus comme sûrs ». L’information a aussi été publiée sur le site internet de la marque. À leurs yeux, ces actions relèvent de pratiques commerciales trompeuses.
La loi interdit les PFAS dans certains produits
Au moment de la diffusion de la campagne publicitaire contestée, la loi « visant à protéger la population des risques liées aux substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées » était débattue au Parlement. Finalement adoptée en février 2025, elle interdit la fabrication, l’importation, l’exportation et la mise sur le marché de plusieurs catégories de produits contenants des PFAS. Ce n’est pas le cas des ustensiles de cuisine, pourtant intégrés à la version initiale du texte, une proposition du député écologiste Nicolas Thierry. « Tefal, grâce à ses pratiques commerciales trompeuses, a réussi à faire primer son modèle économique sur la santé et l’environnement », estiment les ONG.
« Il est inadmissible de communiquer de cette manière alors que la santé des populations, particulièrement des travailleuses et travailleurs, et de l’environnement est en jeu. Tefal doit rendre compte et être sanctionné », a commenté Anne Roques, juriste chez FNE.
Célia Szymczak