La Maison des Marraines : offrir un toit et un avenir aux jeunes femmes en rupture
Ni simple refuge ni hébergement d’urgence. La Maison des Marraines, créée en 2018, se veut un cocon temporaire pour de jeunes femmes fragilisées, qui leur offre à la fois un toit sécurisé et un accompagnement vers l’emploi ou la formation, premières étapes indispensables pour retrouver une véritable autonomie.
Qu’elles fuient un environnement personnel toxique, qu’elles sortent de l’Aide sociale à l’enfance (dont le soutien s’arrête à 18 ans), toutes les femmes accompagnées par IMPALA AVENIR partagent une même urgence : trouver un toit sûr pour ne pas basculer dans la spirale du sans-abrisme ou des centres d’hébergement mixte. », explique Crama Trouillot Du Boys, présidente d’Impala Avenir Développement.
C’est d’un double constat – la rupture sèche d’accompagnement institutionnel à leur majorité et l’absence d’hébergement sécurisé pour les jeunes femmes – qu’est née, en 2018, la Maison des Marraines.
Un toit, mais aussi un engagement
Contrairement à l’accueil d’urgence classique, la Maison des Marraines repose sur un principe clé : le logement est conditionné à l’engagement de la jeune femme dans un parcours d’insertion.
« L’objectif, c’est qu’elle ne reste pas enfermée dans sa chambre à ne rien faire. On définit ensemble des rendez-vous, des objectifs, des étapes de reconstruction pour qu’elle se projette et parvienne à être autonome. »
Initialement prévu pour trois mois renouvelables, l’hébergement dure en moyenne huit mois. « Une fois qu’une jeune est accueillie, il n’est pas question de la remettre à la rue. Nous l’accompagnons jusqu’à une solution stable. » Dès leur arrivée, les dossiers de logement social sont ouverts, afin d’anticiper des démarches qui prennent plusieurs mois.
Un accompagnement concret et humain
Le dispositif s’appuie sur un réseau serré de partenaires – missions locales, Restos du cœur, CCAS, mairies, SIAO pour l’hébergement. Au centre, une coordinatrice d’Impala suit chaque jeune pas à pas. Véritable moteur, elle facilite les démarches administratives – logement social, suivi médical, formation – et veille à ce que le parcours avance sans accroc. « C’est une sorte de coach, qui fixe des étapes et s’assure que rien ne stagne. ». Un programme d’accompagnement à l’insertion professionnel qui bénéficie de soutiens, essentiels pour son déploiement, comme celui de la Fondation groupe EDF qui s’est engagée en mécénat territorial auprès d’Impala dans la région Haut-de-France.
Mais l’originalité tient aussi à la présence des “marraines”, bénévoles issues de la société civile ou d’entreprises partenaires. Elles offrent du temps, du soutien, de l’écoute. « Certaines jeunes recherchent un appui professionnel, d’autres simplement de l’affection, une présence. C’est du sur-mesure. Et parfois, le lien perdure plusieurs années
Grâce à cet accompagnement global, les jeunes sortent non seulement avec un logement et un revenu, mais aussi avec un réseau, une confiance retrouvée, des compétences développées et parfois une réconciliation avec leur famille.
Une implantation ciblée sur les territoires les plus fragiles
Après l’ouverture de la première Maison à Champs-sur-Marne (Seine-et-Marne), le modèle s’est étendu dans les Hauts-de-France (Lille, Roubaix, Liévin), puis à Marseille. Aujourd’hui, environ 50 jeunes femmes sont hébergées simultanément.
L’implantation de nouveaux sites répond à une stratégie définie selon plusieurs critères : proportion de jeunes suivis par l’Aide sociale à l’enfance, taux de pauvreté, tension sur le marché du travail et débouchés professionnels disponibles. Sur cette base, l’association prévoit de nouvelles ouvertures de Maisons des Marraines à Valenciennes, Metz, Toulouse et Montpellier.
L’ancrage dans l’écosystème local est indispensable pour la réussite de ce projet, notamment l’appui des pouvoirs publics,est déterminant. Dans les Hauts-de-France, par exemple, le préfet à la lutte contre la pauvreté a soutenu le projet et permis le financement d’une coordinatrice. L’AFPA (Agence nationale pour la Formation Professionnelle des Adultes), de son côté, met à disposition des chambres sécurisées dans ses centres de formation. Les missions locales, les Restos du cœur et les CCAS complètent l’accompagnement social.
Retrouver des ailes
Au total, ce dispositif d’hébergement temporaire est plus qu’un simple refuge : c’est une passerelle vers l’insertion professionnelle et sociale. « La Maison des Marraines n’est pas une solution définitive. Mais c’est un temps suspendu qui change tout », constate Crama Trouillot Du Boys. « C’est un temps qui permet de reprendre confiance, éviter la spirale de la rue et écrire une nouvelle page de son histoire. »

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- 2018 : création à Champs-sur-Marne
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- 6 maisons ouvertes (Île-de-France, Hauts-de-France, Marseille)
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- 50 jeunes femmes actuellement accueillies
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- 2 coordinatrices salariées pour le suivi quotidien
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- Objectif : extension à Valenciennes, Metz, Toulouse, Montpellier
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- 2024 : soutien de la Fondation groupe Edf en mécénat territorial Hauts de France