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Par Carenews INFO - Publié le 18 juillet 2025 - 11:48 - Mise à jour le 18 juillet 2025 - 12:05 - Ecrit par : Célia Szymczak
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Budget 2026 : les acteurs de la solidarité alertent sur les conséquences des mesures envisagées

Cohésion sociale, aide publique au développement, santé, vie associative… Des acteurs associatifs et solidaires s’inquiètent des conséquences potentielles des orientations budgétaires annoncées par le Premier ministre François Bayrou le 15 juillet.

Le Premier ministre souhaite réaliser des économies importantes sur des sujets concernant les acteurs de la solidarité. Crédits : iStock.
Le Premier ministre souhaite réaliser des économies importantes sur des sujets concernant les acteurs de la solidarité. Crédits : iStock.

 

François Bayrou a présenté le 15 juillet deux plans, respectivement intitulés « Stop à la dette ! » et « En avant la production ! », détaillant ses orientations budgétaires pour 2026. Le gouvernement espère d’abord économiser 43,8 milliards d’euros dans les dépenses publiques, pour limiter le déficit et l’endettement publics. Les mesures envisagées sont nombreuses : gel des prestations sociales au niveau de 2025, réduction des dépenses de santé et de celles des collectivités, réduction du nombre de fonctionnaires, suppression ou réorganisation d’agences de l’État, lutte « contre la fraude sociale et fiscale » avec un projet de loi… Une « chasse aux niches fiscales inutiles » et une « contribution de solidarité sur les plus hauts revenus » sont aussi prévues pour « s’assurer que l’effort [soit] équitable », peut-on lire dans le dossier de presse présentant ces plans.  

L’exécutif estime aussi que la production est insuffisante en France. Pour la renforcer, il appelle à une augmentation du travail, à l’allégement des normes et au renforcement la compétitivité. Ainsi, le gouvernement envisage de supprimer deux jours fériés, ainsi que d’engager des réformes de l’assurance chômage et du droit du travail. Alors qu’un rapport sénatorial a évalué les aides publiques versées aux entreprises à 211 milliards d’euros en 2023, celles-ci bénéficieront de mesures de simplification, « contre moins de subventions ». Le Premier ministre a aussi annoncé, entre autres, l’attribution de 900 millions d’euros à l’investissement dans des entreprises non cotées, ainsi que des investissements dans le parc nucléaire ou l’énergie hydraulique. Il prévoit d’orienter les financements prévus par le plan France 2030 vers l’intelligence artificielle et le cyber.  

 

Des mesures supportées par les plus modestes ?  

 

Aux yeux des acteurs de la solidarité qui se sont exprimés sur ce projet, la promesse de « justice sociale et fiscale » formulée par le gouvernement n’est pas vraiment remplie. L’Union des employeurs de l’économie sociale et solidaire (Udes) « prend acte de la nécessité de rétablir les comptes publics » mais alerte dans le même temps sur le « risque majeur » que feraient peser les mesures annoncées « sur la cohésion sociale, sur l’action publique de proximité et sur l’emploi ». Les orientations « ciblent prioritairement les dépenses de santé, les prestations sociales, les financements aux opérateurs publics et les aides aux collectivités locales, partenaires essentiels de l’action sociale, de l’insertion et de la vie associative », déclare-t-elle dans un communiqué. Concernant la réforme du droit du travail, elle appelle à « bien diagnostiquer » et « évaluer les conséquences concrètes que toute mesure aura en termes d’économies d’un côté et de sacrifices sociaux d’autre part ».  

La « majorité » des mesures prévues « seront supportées, en pourcentage du niveau de vie, par les classes moyennes et par les plus modestes de nos concitoyens » estime pour sa part l’Uniopss, qui réunit des acteurs associatifs des secteurs sanitaire, social et médico-social.  

Cette union rassemblant 35 000 établissements et 750 000 salariés souligne en particulier l’effet du gel des prestations sociales reçues par les personnes en situation de vulnérabilité. Les prix des biens de consommation courante « n'ont pas structurellement baissé après la phase d'inflation », alerte-t-elle. D’autre part, « les mesures annoncées pour maîtriser les dépenses en santé risquent d’accroitre les inégalités et d’entrainer un renoncement aux soins, engendrant alors des complications de santé à long terme », continue l’Uniopss. La réforme de l’assurance chômage « risque de précariser encore davantage toute une partie de la population ». L’organisation s’interroge par ailleurs sur « l’absence, dans le discours du Premier ministre, d’une vision des moyens structurels, afin de faire face à l'augmentation des besoins en termes de perte et de manque d'autonomie ».  

 


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Des coupes dans la solidarité internationale 

 

« Monsieur le Premier ministre, les grandes lignes du projet de budget que vous venez de présenter nous apparaissent difficilement conciliables avec les objectifs de réduction de la pauvreté », pointe Delphine Rouilleault, qui préside le Collectif Alerte dans une lettre adressée à François Bayrou le 17 juillet. Ces orientations « annoncent, d’ores et déjà, des lendemains difficiles pour les personnes modestes, une paupérisation accrue des personnes déjà pauvres comme des classes moyennes, un creusement toujours plus fort des inégalités dans notre pays », poursuit-elle. L’organisation réunissant 37 fédérations et associations de lutte contre la pauvreté et l’exclusion appelle à une « révision » du projet de budget.  

Dans un document récapitulant les orientations budgétaires du gouvernement, publié le 16 juillet, on peut lire que les plafonds de dépenses pour la solidarité, l’insertion et l’égalité des chances seront amputées de 1,7 milliard d’euros ; le travail, l’emploi et l’administration des ministères sociaux de 1,3 milliard ; la cohésion des territoires de 900 millions d’euros et le sport, la jeunesse et la vie associative de 300 millions.  

« Le gouvernement fait peser une menace directe sur les droits et les conditions de vie des personnes que ces budgets soutiennent : personnes en situation de précarité, femmes victimes de violences, personnes handicapées, enfants, travailleurs et usagers des services publics », liste Oxfam, ONG de lutte contre la pauvreté et les inégalités. « Faire le choix de couper dans des dépenses publiques aussi essentielles est d’autant plus insupportable quand on sait que des alternatives justes et efficaces existent. Rien que l’impôt-plancher sur la fortune (dit “taxe Zucman”) rapporterait à lui seul plus de trois fois plus que les coupes budgétaires catastrophiques de ces principales politiques publiques », affirme-t-elle. 

L’ONG alerte aussi sur les coupes dans l’aide publique au développement : en effet, le même document prévoit une baisse de 700 millions d’euros des crédits attribués à cette mission par rapport à 2025. « Les orientations budgétaires présentées par le gouvernement pourraient (...) mettre en danger des populations pauvres et vulnérables dans le monde en s’attaquant une fois de plus au budget de la solidarité internationale », s’inquiète Coordination Sud, qui rassemble 188 ONG françaises de solidarité internationale. « Avec une baisse prévue de 52 % en 2026 par rapport à 2024, si cette coupe était confirmée, elle ramènerait le budget de la solidarité internationale à un niveau inférieur à 2017 », déplore l’organisation dans un communiqué.  

Rien n’est encore joué : le texte du projet de loi de finances n’est pas encore connu ; le Parlement et le Sénat devront ensuite entrer dans le processus législatif pour l’examiner d’octobre à décembre. 

 


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Célia Szymczak 

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